Rest - Charlotte Gainsbourg, CD pas cher Amazon

Critique

Quatrième album « adulte » de Charlotte Gainsbourg après 5:55 (2006), IRM (2009) et Stage Whisper (2011), Rest marque son passage à la langue française pour les onze chansons dont la plupart conservent des intitulés et des refrains en anglais.

Au coeur de la thématique de Rest (« repos »), la mort occupe une place prépondérante entre le souvenir du père, « pantin transi » gisant dans son cercueil, sur « Lying with You », l'hommage à la demi-soeur Kate Barry, suicidée en 2013, dans « Kate », mais encore « Deadly Valentine », la plus belle mélodie de l'album et un tour au cimetière du Montparnasse au son de la pièce finale « Les Oxalis », que sa fille Alice Attal conclut par l'air du « Ah, vous dirais-je maman » de Mozart.

Si la tonalité de l'ensemble est résolument chagrine, pour ne pas dire morbide, ce que le chuchotement de la chanteuse traduit autant que ses textes, les boucles élaborées par le producteur et programmeur SebastiAn (Sébastien Akchoté) s'emploient à rappeler, en version électronique, le sens de la dramatisation dont faisaient preuve Serge Gainsbourg et ses arrangeurs dans leurs sombres oeuvres orchestrales.

En faisant appel à Sebastian, mais également le multi-instrumentiste Emile Sornin (Forever Pavot), le compositeur Guy-Manuel de Homem-Christo (Daft Punk) et le batteur de Poni Hoax, Vincent Taeger, c'est à la « French touch » que Charlotte Gainsbourg offre de la visibilité, même si le nom de Paul McCartney apparaît pour une composition anodine sortie du tiroir, « Songbird in a Cage », après un texte de la poétesse Sylvia Path mis en musique par la muse, « Sylvia Says ». Sans détour, l'actrice et chanteuse ne prend pas de gants lorsqu'elle se confesse dans l'autoportrait dans « I'm a Lie », sur un mode synthétique gris sombre.

Loïc Picaud - Copyright 2017 Music Story